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Burn-out et solitude

Burn-out et solitude

18122011 184
« Pour l’instant, je n’ai pas d’amis » ?
Cette phrase a été prononcée par l’une de nos coachees, il y a quelques jours à peine. Mais elle résume ce que ressent une grande majorité, pour ne pas dire l’entièreté, des gens qui sont en congé de maladie pour burn-out. (Et si c’est votre cas, pour elle et pour tous les autres, partagez. Manifestez votre soutien).

Aussi terrible que cela puisse paraître, nous rencontrons des personnes qui parfois sont restées 1 an, sans avoir un seul appel de collègue. Alors que juste avant le burn-out, elles étaient reconnues pour leur performance, pour leur fiabilité ou encore pour leur générosité. Ces personnes ont tout donné, sans économie, sans réserve, sans demi-mesure. Elles se sont battues, pliées en 4 pour apporter ce que l’on attendait d’elles.
Et dès l’instant de la chute, c’est le vide. En tout cas, c’est comme cela qu’est vécu le congé de maladie: comme une espèce d’isolement injuste et forcé.
Il y a aussi ceux qui sont entourés … mais incompris. Certains évitent leurs amis desquels ils ne se sentent pas compris, pire: dont ils se sentent jugés. D’autres encore évitent les contacts avec les parents qui assènent des : « oui, mais ça va durer combien de temps pour que tu retournes travailler? ».

Mais pourquoi cette solitude ?

 

Plusieurs paramètres entrent en considération. Comme pour chaque relation, il y a deux bouts par lesquels aborder la question. Il y a d’abord les autres … et puis, il y a soi.

En ce qui concerne les autres:

 

Chacun agit dans le monde comme il le perçoit.
Chez zen’to, nous sommes convaincus, parce que nous l’avons appris dans toutes nos formations et surtout parce que nous le constatons jour après jour, que :
  • l’autre est toujours motivé par des bonnes intentions … si ce n’est pas vis-à-vis de nous, c’est vis-à-vis d’autres personnes encore voir de lui-même
  • chacun fait du mieux qu’il peut à chaque instant. Et même lorsqu’on agit en se trompant, ou en ne mesurant pas la portée de nos actes, on a fait du mieux qu’on pouvait à ce moment-là avec les ressources et les capacités dont nous disposions.

Partant de là, quelles seraient ces fameuses intentions positives à ne pas prendre contact avec vous ?

  • Certaines personnes ont simplement peur ? de la douleur des autres. Peur de réveiller leurs propres douleurs (si vous avez divorcé, par exemple, vous constaterez que les amis qui vous soutiennent le moins sont ceux qui envisagent sérieusement de divorcer et ne le font pas … Votre choix de vie les renvoient à leur propre problème … alors, ils évitent … et franchement, ne ferions-nous pas pareil parfois plutôt que nous infliger une douleur supplémentaire?).
  • D’autres se débattent (genre: ??), peut-être même comme vous vous étiez débattu(e) avant de faire votre burn-out. Ils sont tellement enlisés ou à flux tendu dans leur vie qu’il leur est impossible de prendre en charge quoique ce soit d’autre. Vous allez me dire: « c’est quand même pas pour un coup de fil! ». Non, bien entendu. Mais là, intervient notre système limbique qui modélise, simplifie, … et nous fait des propositions binaires: genre « SOIT tu t’en occupes à 100%, SOIT tu ne t’en occupes pas du tout ». Du coup, on est convaincu qu’un petit appel, c’est s’engager … Du coup, on préfère ne pas décrocher son téléphone (je sais, c’est dépassé, mais je le dis tant que les lecteurs comprennent encore ce qu’est un téléphone).
  • Il y a tous ceux qui sont conditionnés leurs propres croyances. Celui-ci qui croit qu’il doit absolument performer et tout gérer (?) s’il veut être un bon travailleur, et donc, s’il veut être reconnu, et donc accepté dans la société (ne lui jetons pas la pierre trop vite … ils ressemblent bien à ceux qui sont en burn-out …), et qui donc, n’a même pas le temps de se demander où vous êtes passé, tellement il court comme une poule sans tête.  Celle qui pense devoir être au service de tout le monde et qui ne sait plus où donner de la tête, et qui du coup, préfère régler les problèmes de ceux qui sont toujours dans le champ de tir …
Si on compte les personnes répondant aux critères ci-dessus, cela fait déjà un paquet de gens. Mais ajoutons à cela:
  • ceux qui ne comprennent en effet pas du tout ce qu’est le burn-out (et souvent, ceux qui comprennent cela le moins, sont ceux qui sont en plus grand risque d’en faire un … logique: ils rejettent tellement l’idée de se soigner et de se ménager qu’ils ne le font jamais …. et donc, tombent … ) : ils ne comprennent pas les effets sur le corps, sur le mental, ses origines, pourquoi il faut se reposer, etc …
  • ceux qui le comprennent, parce qu’ils ont lu, vu, écouté … ne le ressentent pas de l’intérieur. Quand bien même ils voudraient, ils ne comprennent pas ce que l’on peut éprouver, les pensées qui nous viennent …
  • ceux qui sont complètement déstabilisés parce qu’ils ne vous reconnaissent pas. Ils ne comprennent pas, par manque d’informations souvent, à quel point votre burn-out est d’une cohérence incroyable avec vos comportements professionnels antérieurs. Ils n’ont pas su que le burn-out n’était pas une option pour vous. De leur point de vue à eux, vous manquez de cohérence ! Et de votre point de vue à vous (et de celui de votre médecin), c’est votre corps qui vous lâché, divorçant de votre mental qui lui a tout exigé pour performer, être utile, être compétent, être forte, être gentil, …
  • ceux qui vous sont proches et qui sont en pré-burn-out … qui sentent bien que quelque chose se passe, qu’ils n’arrivent plus tout à fait comme avant à gérer les choses … et à qui votre burn-out fait peur. Entre s’approcher trop de ce que cela peut être (ou carrément vous entendre dire: »tu devrais faire attention toi aussi »), il préfère (tout comme vous l’avez fait d’ailleurs, rappelez-vous) ignorer la douleur et votre souffrance du même coup …
  • ceux qui ont été formés en entreprise en prévention et qui ont retenu que dans l’intérêt du travailleur, il vaut mieux le laisser tranquille à la maison. (Nous, sachant que l’éloignement est essentiel pour réguler le système nerveux, on dit: « OK, dites au moins clairement au travailleur en burn-out que vous ne l’appellerez pas pendant une période, dans son propre intérêt, par bienveillance vis-à-vis de lui. Et que vous continuez de vous inquiéter de cette personne, et restez à sa disposition si elle a besoin de quoique ce soit.)
  • ceux qui ont peur d’avoir l’air stupide ? en vous  demandant: »comment ça va? », connaissant la réponse. Et bêtement, ils ne trouvent pas d’alternative … ou ils ont peur de faire autrement … Et en même temps, ils veulent être authentiques … alors du coup, ils préfèrent ne rien dire …
  • ceux qui ont peur d’être confrontés à vos émotions (je me souviendrai toute ma vie d’un de mes DG, la cinquantaine bien frappée, qui s’inquiétait de dire un truc pas chouette à une de ses directrices et qui me disait: « oui, mais si elle pleure, je fais quoi? ».). Rares sont les personnes qui savent gérer leurs propres émotions … Généralement, on préfère les enfouir. Alors, inutile de s’exposer à celles des autres, on ne sait jamais qu’on ait des émotions nous aussi et que tout nous explose à la figure !!!
  • ceux qui ont peur d’être confrontés à votre propre colère … peur de banquer pour tous les autres … peur d’entendre toute votre rancune, vos reproches, votre tristesse …. et de se faire agresser …
Bref, il y a encore certainement un tas de cas où dans son propre intérêt (et sans être vraiment conscient de ce choix), votre collègue ou ami ne prendra pas contact pour prendre de vos nouvelles et où, finalement, cela n’a rien à voir avec vous. Ce n’est pas contre vous … c’est POUR lui (se protéger, obéir à une démarche d’entreprise, faire ce qu’il croit être encore plus important, vivre sa vie …)

Peut-on être déçu de cela ?

On peut. On peut aussi penser que ce serait quand même mieux s’ils pouvaient quand même se manifester. Bien sûr. On peut. Cela ne nous fera pas que du bien. Mais il est possible d’en être triste. Car si on attend l’autre, donc, notre besoin de soutien ne sera pas comblé. En même temps, si on se met vraiment complètement à la place de l’autre, en épousant ses peurs, ses croyances, ses limites, ses souffrances … ferions-nous vraiment mieux que lui ?

En ce qui concerne la personne en burn-out:

Il est aussi possible de prendre les choses en mains. De ne pas s’attrister et de passer à l’action. ???

Comme nous le disions (beaucoup) plus haut, il y a dans la relation, deux bouts. Nous avons vu « les autres ». Voyons à présent « soi ».

Souvent, lorsqu’on fait le constat que les autres ne prennent pas de nouvelles, on se sent triste, ou en colère … ou les deux ! Du coup, on renforce le système relationnel en se mettant encore un peu plus à l’écart. Il s’agit de se protéger d’une attente qui n’est pas comblée. Le hic, c’est qu’on s’isole tout en guettant « distraitement » les signaux des autres (qui ne viennent pas et qui viendront de moins en moins, car ils voient bien que vous vous isolez). On reste en attente.

Si on cherche un peu plus loin, finalement, si on prend un peu de recul, je peux me demander si je ne suis pas en train d’attendre que les autres se préoccupent de mon besoin (sans être conscient que si l’autre s’occupe de mon besoin, il ne peut fatalement pas en même temps s’occuper de ses besoins personnels). Et finalement, dis donc, moi qui ne tient pas compte de tous les besoins possibles que les autres ont (se protéger, nier leur état, …)  …. qui suis-je moi, pour exiger des autres qu’ils fassent passer mes besoins avant les leurs ? Et pourquoi ne me débrouillerais-je pas pour m’occuper de mes propres besoins plutôt qu’attendre ?

Certains me répondront : « oui, mais moi, je me suis occupé de leurs besoins à eux avant ». Admettons. En quoi était-ce important pour vous de vous occuper des autres ? Parce que l’altruisme c’est quelque chose d’important pour vous ? Admettons. Cet altruisme ne répondait-il pas aussi à un de vos besoins ?

En définitive, j’attends des autres qu’ils répondent à mes besoins.

Et si je m’autonomisais par rapport à ces besoins ?

En tout cas, je peux au moins me responsabiliser et prendre en charge l’autre bout de la relation.  Je peux décider de poser des actes qui m’aideront à me sentir mieux et à sortir de mes souffrances.

Comment procéder ?

  1. En comprenant le besoin dont l’insatisfaction me rend triste ou en colère.

La tristesse, ou la grande déception, liée à cette situation nous indique simplement qu’un besoin n’est pas comblé. Sans doute, un besoin de soutien.  Ou un besoin de reconnaissance. Ou un besoin de savoir qu’on existe.

Une piste serait de mettre au clair: quel est ce besoin que me révèle ma tristesse (ou ma colère) ?

2. En choisissant la façon dont je peux tenter de satisfaire le besoin identifié.

Par exemple, je peux repérer dans mon entourage qui peut éventuellement m’aider à satisfaire mon besoin. Je choisirai des personnes qui sont bienveillantes, qui savent gérer les émotions, et qui peuvent parler franchement avec respect et précaution.

3. En faisant des demandes.

Ben oui, mesdames, on reproche à nos maris de ne pas deviner qu’on voudrait recevoir tel parfum pour la saint-Valentin (messieurs, vous faites pareil!) … « S’il m’aime, il devrait savoir ». Non. Vous qui êtes au plus proche de vous, de vos pensées et de vos envies, vous ne savez pas toujours dire ce que vous voulez … Alors pourquoi diable votre mari saurait-il mieux que vous ?

Parlez ! Faites des demandes ! Le seul risque est de se prendre un « non ».

  • En osant faire des demandes vous risquez de recevoir des non, mais aussi des oui.
  • En n’osant pas faire des demandes, vous garantissez le fait de recevoir des non, et de rester seul(e).

Comment faire une demande ? Un outil très simple: 3 phrases.

  1. « Je constate que .. nous n’avons plus de contact depuis 6 semaines »
  2. « Cela a pour effet sur moi que cela m’attriste, car j’ai besoin de ton soutien/de savoir que je compte pour les gens/, … »
  3. « J’aimerais que nous puissions échanger quelque peu pendant cette période …  et toi, aurais-tu un souhait à mon encontre? ».

Et voilà. Le tour est joué.

4. En remerciant. De manière sincère et authentique.
  1. « J’ai constaté que depuis notre discussion, tu prends de temps à autre de mes nouvelles, même très furtivement. »
  2. « Cela me touche beaucoup, car je sais que malgré ton emploi du temps serré, tu me manifestes ton soutien. »
  3. « Je tiens à te remercier du fond du coeur, et à t’exprimer ma gratitude par rapport à ces gestes qui sont si importants. »

Conclusion:

Lorsque vous serez en mesure de comprendre ce que vous ressentez et ce que les autres ressentent, et que vous aurez cessé d’attendre des choses de l’autre (non seulement qu’il satisfasse votre besoin, mais en plus qu’il le fasse spontanément), et que vous aurez pris en charge votre bout de la relation, vous aurez changé l’ordre des choses. Peut-être serez -vous moins entouré(e). Par contre, vous aurez autour de vous, des personnes avec qui vous pouvez entretenir des relations durables et authentiques.

Au demeurant, la solitude n’est pas une fin en soi.  Elle est peut-être aussi l’occasion de:

  • se recentrer sur soi-même
  • faire le point sur ses propres relations et évaluer leur qualité, leur pertinence et chercher à les améliorer
  • prendre distance et de se détacher du regard des autres
  • conscientiser nos différences, nos atouts et nos talents
  • faire une pause dans un monde qui file à toute allure
  • prendre soin de soi
  • créer une relation de soi … à soi
  • se libérer de nos dépendances affectives et apprendre à vivre en toute autonomie
  • grandir !
  • apprendre
  • se sentir libre

Pour en savoir plus, lisez:

  • « Cessez d’être gentil, soyez vrai », de Thomas d’Ansembourg
  • « Ne marche pas si tu peux danser » de Anne van Stappen

Les deux ouvrages traitent de la Communication Non-Violente. Le premier est plus analytique. Le second est romancé. L’un comme l’autre fournissent à la fin du livre des listes de besoins, d’émotions (juste pour voir si vous en avez besoin, citez-moi 5 émotions agréables?), et des fiches-outils. De très bonnes bases pour découvrir d’autres façons d’être en relation à soi, et aux autres.

 

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